Le lundi 11 janvier prochain se déroule la 3ème édition du One Planet Summit mettant à l’honneur la biodiversité. L’année 2021 est marquée par différentes échéances climat et biodiversité avec des attentes fortes en termes d’engagements et d’actions en faveur de la protection de l’environnement. Avec le One Planet Summit, 2021 débute donc avec un événement clé, l’occasion de remobiliser tous les acteurs (gouvernements, organisations internationales, associations, entreprises, citoyens,…) afin d'accroître l’action internationale autour de deux thèmes phares de l’année 2021 : la Nature et le climat.
Naissance d’une plateforme d’engagement en faveur de la lutte contre le dérèglement climatique : le One Planet Summit
Porté par Emmanuel Macron, président de la République française, Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies et Jim Kim, président de la Banque mondiale, la première édition du One Planet Summit s’est déroulée le 12 décembre 2017, soit 2 ans après l’adoption de l’Accord de Paris sur le climat. Ce One Planet Summit a réuni plus de 4000 personnes notamment des chefs d’États et de gouvernements, des représentants d’organisations internationales, d’instituts financiers, des ONG, des entreprises et des citoyens.
Le One Planet Summit est une « plateforme d’engagements pour relever le défi du changement climatique »[1] ayant pour objectif à travers ces différentes éditions et événements régionaux de faire émerger et de promouvoir des initiatives porteuses de solutions en faveur du climat et de la Nature dans le but d’accélérer la transition mondiale vers une économie. Aujourd’hui, il existe près d’une trentaine de coalitions et d’initiatives.
L’Observatoire spatial du climat, une coalition du One Planet Summit
Grâce aux diverses données satellitaires disponibles qui permettent de surveiller les habitats et leurs conditions météorologiques et climatiques (température de l’air, humidité du sol, etc.), la communauté spatiale se mobilise pour le climat. En effet, parmi les 50 variables climatiques essentielles, 26 ne peuvent être mesurées que depuis l’orbite de la Terre. Compte tenu de l’importance des observations de la Terre par satellites, un besoin avait été identifié, celui d’instaurer une coordination internationale des données afin de surveiller et d’évaluer les conséquences du dérèglement climatique.
Pour cela et sous l’impulsion de la France et de son agence spatiale, le Centre national d’études spatiales (CNES), l’initiative internationale Space Climate Observatory (SCO)[2] est proposée faisant ainsi partie des 12 engagements internationaux pris à l’issue de la première édition du One Planet Summit en décembre 2017. Officiellement lancé en juin 2019 lors du Salon du Bourget suite à la signature de la déclaration conjointe d’intérêt par 25 agences spatiales et 4 organisations internationales[3], le SCO international fait aujourd'hui partie des coalitions du One Planet Summit. Le SCO international a pour objectif de mutualiser les données satellites et de faciliter leur utilisation. Plus particulièrement, le couplage des observations de la Terre par satellites aux modèles numériques et données de terrain permettra de proposer des pistes d’action et ainsi de faire du SCO un outil pertinent d’aide à la prise de décision.
Depuis, l’initiative est en cours de structuration avec l’établissement pour 2022[4] d’une charte internationale pouvant être activée par un pays en cas de besoin dans le cadre d’un projet d’adaptation au dérèglement climatique.
Le SCO international se décline au niveau local à travers les SCO nationaux. Le SCO France est la déclinaison nationale de l’initiative internationale. Il a pour mission d’accompagner les politiques publiques et les acteurs nationaux sur les questions climatiques. Pour cela, le SCO France a pour but de faire émerger des projets portés par un consortium d’acteurs français qui répondent à des besoins locaux via des appels à projets[5].
La biodiversité mise à l’honneur lors de la 3ème édition du One Planet Summit
La pandémie de la Covid-19 a une nouvelle fois rappelé l’importance de la Nature pour la santé humaine. Et pourtant, la santé des écosystèmes est menacée par les activités humaines. Son déclin est constaté à un rythme sans précédent et qui s’accélère[6] avec des conséquences pouvant être néfastes sur nos sociétés dans les décennies à venir. L’alerte ainsi lancée, il est donc urgent de mettre en place des actions concrètes à tous les niveaux (local, régional, national, international) afin de protéger, préserver et restaurer les milieux naturels (terrestres et océaniques) tout en sensibilisant les populations sur les conséquences de nos actes vis-à-vis de la Nature. Cela passe donc par une transformation profonde des modèles de production, de consommation et d’échanges afin qu’ils soient plus respectueux de la Nature impliquant ainsi tous les acteurs de la société : gouvernements, organisations internationales, associations, entreprises, citoyens, etc.
En ce début d’année, la 3ème édition du One Planet Summit, organisée par la France, en concertation avec les Nations unies et la Banque mondiale, rassemblera des chefs d’États et de gouvernements, des représentants d’organisations internationales, d’institutions financières, d’entreprises et d’ONG du monde entier, l’occasion de relancer les discussions et de mobiliser tous les acteurs en vue des prochaines échéances climat et biodiversité. Les discussions se feront autour de quatre sujets centraux : (i) la protection des écosystèmes terrestres et marins, (ii) la promotion de l’agro-écologie, (iii) la mobilisation des financements pour la biodiversité et (iv) le lien entre déforestation, espèces et santé humaine.
La communauté spatiale participe également activement dans l'action collective afin d'assister les scientifiques, les décideurs et les entrepreneurs en développant des programmes d’observations de la Terre ainsi que des services et outils associés afin d’étudier et caractériser la biodiversité depuis l’espace. Vous trouverez quelques exemples dans ce billet de blog dédié.
Coordonner les ambitions en matière de climat et de biodiversité
Avec le report de nombreux grands événements décisifs, 2021 devient une année charnière pour l’environnement. En effet, avec l’organisation de la COP15 biodiversité (deuxième quart de 2021), du Congrès mondial de la Nature de l’IUCN (septembre), et de la COP26 climat (novembre), 2021 est la « super année » de la Nature et du climat.
Ce One Planet Summit est ainsi une occasion pour tous les acteurs de la société à travers le monde de lancer une dynamique politique pour mieux coordonner les objectifs en matière de dérèglement climatique et de biodiversité et rehausser les ambitions. Il constitue une étape clé vers les prochaines COPs permettant ainsi de s’assurer du bon alignement entre la relance économique post-Covid et les enjeux sociaux et environnementaux.
Tout au long de l’année, il est primordial que les discussions nourrissent des objectifs communs tels que celui de s’assurer à ce que les trajectoires pour atteindre les objectifs de neutralité carbone puissent générer des co-bénéfices sur la Nature en incluant, par exemple, des réductions significatives des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 afin de limiter au maximum l’emploi de mesures d’émissions négatives (ou élimination du dioxyde de carbone[7]) qui peuvent induire des conflits d’usages des ressources telles que les terres et l’eau avec des impacts pouvant être néfastes sur les écosystèmes et à courts et moyens termes sur la biodiversité[8].
La pandémie de la Covid-19 nous a rappelé que plus que jamais qu'il est crucial d’intégrer les dimensions socio-économiques et environnementales dans la réponse à la pandémie, mais aussi plus généralement pour aborder les défis dans leur globalité. Pour faire face aux futures crises sanitaires, climatiques et de biodiversité, il est indispensable de veiller à l’intégration de la biodiversité et de la neutralité carbone à la fois dans les Contributions déterminées au niveau national[9], mais aussi dans le nouveau cadre international post-2020 pour protéger les écosystèmes à l’horizon 2050 et lutter contre la perte de la biodiversité, car ils détermineront les stratégies socio-économiques et environnementales de long terme des différents pays signataires.
Mais cela requiert de casser les silos, de croiser les Agendas et de mettre au centre des discussions la santé humaine et écologique ainsi que la protection et le partage des biens communs et services essentiels pour tous. Il est crucial de considérer l’Agenda 2030 et ses 17 Objectifs de développement durable comme LE cadre commun afin de garantir à la fois une reconstruction post-épidémique cohérente et efficace à court terme et une transformation profonde de nos sociétés sur le long terme.
À NOTER DANS VOS AGENDAS - Prochaines échéances climat et biodiversité :
11 janvier 2021, One Planet Summit, Paris/France (en ligne), inscription ici
Deuxième quart de 2021, COP15 de la Convention de la diversité biologique, Kunming/Chine
3-11 septembre 2021, Congrès mondial de la Nature de l’IUCN, Marseille/France
1-12 novembre 2021, COP25 de la Convention-Cadre des Nations unies sur les changements climatiques, Glasgow/Royaume-Uni
À PROPOS DE L'AUTEUR :
Jennifer Fernando est conseillère en stratégie environnementale. Elle est docteure en sciences de la Terre et diplômée de Sciences Po en politique environnementale.
Si vous êtes à la recherche de conseils, de formation ou de services de médiation concernant l'utilisation des observations de la Terre dans la prise de décision et la gestion durable et résiliante des territoires et des ressources naturelles, vous pouvez me contacter par email (jfernando.consulting@gmail.com). Pour plus d'information : https://www.jennifer-fernando.com/services.
RÉFÉRENCES : [1] Site officiel du One Planet Summit, disponible ici : https://www.oneplanetsummit.fr/notre-demarche-125 [2] Site officiel du SCO disponible ici : https://www.spaceclimateobservatory.org/fr [3] L’observatoire spatial du climat a pris son envol au Bourget, CNES, 17 juin 2019, disponible ici : https://cnes.fr/fr/lobservatoire-spatial-du-climat-pris-son-envol-au-bourget [4] CNESMAG – Space Climate Observatory (SCO), la data au service du territoire, CNES, 20 janvier 2020, disponible ici : https://cnes.fr/fr/cnesmag-hors-serie-space-climate-observatory-sco [5] Charte de fonctionnement du SCO France, SCO France, septembre 2020, disponible ici : https://www.spaceclimateobservatory.org/sites/default/files/2020-09/2020-310%20BROCHURE%20CHARTE%20SCO-18x24cm_V6_HD.pdf [6] Rapport IPBES, 2019, disponible ici : https://ipbes.net/global-assessment [7] Pour en savoir plus : Foire aux questions, GIEC, voir FAQ 4.2, p. 63, disponible ici : https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/2/2019/09/SR15_FAQs_french.pdf [8] Deprez, A., Vallejo, L., Rankovic, A. (2019). Towards a climate change ambition that (better) integrates biodiversity and land use. IDDRI, Study N°08/19, https://www.iddri.org/sites/default/files/PDF/Publications/Catalogue%20Iddri/Etude/201911-ST0819-climate%20biodiv%20land_0.pdf [9] Les Contributions déterminées au niveau national (CDN) constituent un élément clé de l'Accord de Paris pour l'atteinte des objectifs fixés. Ils détaillent les actions mises en oeuvre par chaque pays pour diminuer les émissions nationaux de gaz à effet de serre et s'adapter aux conséquences aux dérèglements du climat. L'Accord de Paris exige que chaque pays signataire transmette ses CDN et les actualise selon un calendrier défini. Pour en savoir plus : https://unfccc.int/fr/processus-et-reunions/l-accord-de-paris/l-accord-de-paris/contributions-determinees-au-niveau-national-ndcs
Crédit image de gauche : ©One Planet Summit
POUR ALLER PLUS LOIN :
CNESMAG – Space Climate Observatory (SCO), la data au service du territoire, CNES, 20 janvier 2020
Article - L’Agenda 2030 comme cadre commun pour les prochaines échéances climat et biodiversité ?, Jennifer Fernando
Billet de blog - La biodiversité sous l'oeil des satellites, Jennifer fernando
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