Auteur : Jennifer Fernando
Présentation :
La pollution de l'air est un fléau pour les grandes métropoles du monde avec des conséquences néfastes sur la santé humaine et pour l’environnement. Elle provoque chaque année des centaines de milliers de décès à travers le globe, dont 48 000 en France, soit 9% de la mortalité. La responsabilité des politiques pour préserver la santé de ses habitants est ainsi immense.
Apparu en Chine fin 2019, le virus Covid-19 s’est rapidement répandu à la surface de la planète conduisant au confinement de plus 3,9 milliards de personne, soit près de la moitié de la population mondiale. Ce confinement a bouleversé nos sociétés, nos économies et nos modes de vie à travers les mesures de restrictions de déplacement. Mais quelles ont été les répercussions sur notre environnement, et plus particulièrement sur la qualité de l'air ?
Les satellites qui scrutent la Terre permettent de surveiller l’état de l’atmosphère et notamment de mesurer précisément l’évolution des polluants dans l’air au cours du temps. Les données obtenues durant la crise du Covid-19 sont riches d’enseignements que les décideurs politiques devront prendre en compte dans les choix socio-économiques et environnementaux à venir.
Messages clés :
Les données satellites ont observé une chute spectaculaire de la concentration en NO2 dans les grandes villes confinées mettant en évidence le lien direct entre réduction drastique du trafic routier et des activités industrielles et baisse du polluant NO2. Les effets de cette baisse sur la qualité de l’air ont été quasi immédiats.
Une diminution moins marquée a été observée pour les particules fines atmosphériques car issues de sources variées : le trafic routier, le chauffage et l’agriculture. Même si le trafic routier a été drastiquement réduit, cette baisse n’a pas permis de compenser la hausse liée au chauffage résidentiel et à la poursuite des activités agricoles (épandages de fertilisants). La météo printanière a également favorisé leur formation.
Les leçons tirées des données satellites acquises durant la crise du Covid-19 sur le lien étroit entre nos modes de vie et la qualité de l’air doivent permettre d'optimiser les mesures à mettre en place et de faire de cette baisse des émissions des polluants atmosphériques une baisse durable. La relance constitue donc une opportunité de repenser notre stratégie et d’apporter une cohérence dans la transformation de notre société en prenant en compte les enjeux socio-économiques et environnementaux.
Les données satellites obtenues avant et pendant le confinement ont permis d’identifier les secteurs à cibler en priorité en fonction de leur impact sur la pollution de l’air : le transport routier, le secteur résidentiel et l’agriculture, pour accélérer la réduction des émissions de NO2, des PM2,5 et de NH3.
À ce jour, les normes européennes en matière de qualité de l’air ne sont pas toutes alignées sur les recommandations de l’OMS. La France pourrait dès maintenant prendre les devants en se dotant de normes plus protectrices.
La baisse conjointe de la concentration du CO2 atmosphérique met en évidence les co-bénéfices possibles entre améliorer la qualité de l'air et la préservation du climat. La cohérence entre les mesures dites climatiques et celles liées à la politique de lutte contre la pollution de l’air doit être systématiquement vérifiée afin de ne pas mettre en place des mesures contradictoires.
À propos de l’auteur : Jennifer Fernando est consultante en stratégie environnementale. Elle est docteure en sciences de la Terre et diplômée de Sciences Po en politique environnementale.
Contact : jfernando.consulting@gmail.com
Site internet : https://www.jennifer-fernando.com
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