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Améliorer la connaissance pour une meilleure adaptation au dérèglement du climat


Depuis le 1er novembre se tient à Glasgow la 26ème conférence des parties sur le climat (COP26). Cet événement, qui rassemble chaque année les États membres des Nations unies autour du sujet du climat est l’occasion de faire le point sur l’avancement de leurs engagements vis-à-vis de l'Accord de Paris. Mais ces engagements ne se cantonnent pas uniquement à l'atténuation des gaz à effet de serre. Ils doivent également adresser d'une part des mesures de transformation de notre société en matière d’énergie, de transport, d’agriculture, etc. pour qu'elle soit plus juste, plus sobre en carbone et plus respectueuse de l'environnement et d'autre part des mesures d'adaptation pour faire face aux aléas météorologiques et climatiques (fortes précipitations et inondation, vagues de chaleur, canicules et sécheresses, etc.). Pour cela, la connaissance joue un rôle clé pour une meilleure gestion des ressources naturelles (eau, air, sol, végétation, biodiversité) et gestion de crises. Voici comment et comment l'améliorer.


Atténuation, adaptation ou les deux ?


Adopté en 2015 par les États membres des Nations unies, l'Accord de Paris définit les objectifs majeurs à atteindre à l’échelle internationale afin de minimiser le réchauffement global et ses impacts à long terme tout en fournissant un cadre d’évaluation pour contrôler l’évolution des réductions des émissions anthropiques par les Parties impliquées. L’Accord de Paris est ambitieux, car il propose comme objectif de limiter le réchauffement global en deçà de 2°C entre l’époque pré-industrielle et la fin de ce siècle, et de poursuivre les efforts pour limiter la hausse de température à 1,5°C (Art. 2). C’est le premier objectif chiffré à long terme connu dans l’histoire des négociations sur le climat.


Mais l'atténuation n'est pas le seul volet de cet accord. Vue comme un aveu d'échec pendant plusieurs décennies, l'adaptation n'était pas une option dans les négociations climatiques. Cependant, grâce au travail du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) et des "bâtisseurs" de l'Accord de Paris, l'adaptation est aujourd'hui au même niveau que l'atténuation.


La connaissance pour une meilleure adaptation aux aléas climatiques


Depuis plus d’un siècle, l’Homme, par son intervention, a considérablement modifié le climat ainsi que le volume et la répartition des ressources naturelles disponibles à la surface du globe. Pendant des décennies, son action a été menée sans se préoccuper du coût social et environnemental et sans avoir de vision long terme et par conséquent, sans régulation ni contrôle.


La croissance économique et démographique et les changements dans l’utilisation des terres ont poussé les usagers des ressources naturelles à les utiliser et les consommer au-delà des réserves disponibles, et cela dans plusieurs régions du monde. Cette surconsommation a provoqué des difficultés dans la gestion des ressources naturelles à courts et longs termes. Les pressions anthropiques telles que l’urbanisation rapide, la pollution, l’intensification de l’agriculture, l’évolution des modes de vie pèsent négativement aussi bien sur la quantité et la qualité des ressources disponibles ainsi que sur les milieux naturels.


À cela, le réchauffement planétaire vient exacerber ces pressions. En effet, il affecte un certain nombre d’extrêmes météorologiques et climatiques dans toutes les régions à travers le globe tels que les vagues de chaleur, les précipitations intenses et les sécheresses complexifiant ainsi la gestion des ressources naturelles (eau, air, sol, végétation, etc.) et induisant de nouvelles problématiques de gestion de crise.


Il est donc indispensable de repenser la gestion des ressources naturelles afin de l'adapter aux nouveaux défis socio-économiques, environnementaux et climatiques. Pour cela, la connaissance est clé. En effet, la connaissance permet d'évaluer et de suivre l'état écologique des ressources naturelles, des informations clés pour la mise en place d'une gestion équilibrée et durable des ressources naturelles. Elle concerne à la fois une meilleure compréhension des volumes disponibles et mobilisables des ressources naturelles et de leur état de santé dans le temps et l’espace ainsi que des usages pour poser des diagnostics clairs et une meilleure évaluation des régions exposées aux pressions anthropiques et aux risques climatiques. L'ensemble de cette connaissance est primordial pour renforcer la résilience des populations et des secteurs d’activité et les adapter face aux difficultés climatiques tout en protégeant et préservant les ressources naturelles et les écosystèmes.


Cependant, un manque accru de données de terrain adéquates est constaté plus particulièrement dans les pays en développement alors que ces données sont indispensables pour évaluer les risques et proposer des mesures adaptées. Pour contrer ce problème, l’observation de la Terre par satellites peut être un allié clé.


La place des données satellitaires pour une meilleure connaissance des ressources naturelles et des enjeux climatiques


Le domaine de l’observation de la Terre par satellites concerne la collecte d’information (physique, chimique et biologique) relative au système Terre depuis son l’orbite par le biais de la télédétection. Complémentaire aux données de terrain, elle permet de dériver à la fois des informations clés, depuis l’échelle globale à locale, et de façon répétée, de l’océan, l’atmosphère, les terres émergées et la biodiversité ainsi que des phénomènes naturels (tempêtes, inondations, sécheresses, feux de forêt, etc.) et anthropiques (pollution de l’air, de l’eau). Il existe à ce jour une large gamme de capteurs capables de suivre les cycles du carbone et de l’eau en passant par la circulation océanique et celle des vents et de les caractériser, une étape indispensable pour mieux comprendre la dynamique de la Terre et sa réponse vis-à-vis des activités humaines.


Par le caractère synoptique des données satellites (i.e., résolution spatiale, grande fréquence de revisite), l’occupation des sols ainsi que l’évolution des écosystèmes et des phénomènes naturels et des activités anthropiques peuvent être mieux caractérisées et cela en quasi en temps réel. Les données satellites permettent également de s’affranchir des frontières, contrairement aux données in situ, un avantage considérable compte tenu des divers défis en cours et à venir qui dépassent le plus souvent les limites d’un pays (ex., les bassins transfrontaliers).

Associés à des données de terrain et à des modèles numériques, ces caractéristiques singulières font de l'observation de la Terre par satellites un atout majeur et un outil innovant pour assister les populations, les décideurs, les entrepreneurs, etc. à anticiper les risques à venir notamment climatiques tout en repensant les politiques et stratégies en matière d'approvisionnement en énergie propre, de production et de consommation. L’observation de la Terre par satellite peut être ainsi un soutien au secteur de l’agriculture en facilitant la régulation de l’irrigation des cultures en fonction des besoins. De même que pour le secteur de l’énergie renouvelable (solaire, éolien, hydroélectrique), l’observation de la Terre par satellite peut contribuer à déterminer les territoires optimaux à leurs installations. Ou encore, elle peut jouer un rôle clé dans l’alerte précoce des feux de forêt et des inondations ainsi que des pollutions de l’air et de l’eau. En exemples, vous trouverez la présentation de réalisations destinées à la gestion de l'eau dans un guide du Partenariat français pour l'eau. Les réalisations sont présentées autour de trois thèmes majeurs : le suivi quantitatif de l'eau ; la qualité de l'eau, suivi écologique et biodiversité ; les usages agricoles de l’eau, et donnent un aperçu des possibilités offertes par les données satellitaires dans le cadre de la gestion intégrée des ressources en eau.


Initialement destiné à la communauté scientifique, le marché des données satellitaires s'ouvre à de nouveaux utilisateurs. En effet, de nouveaux programmes d'acquisition et de partage de données voient le jour tel que le programme Copernicus de l'Union européenne. Il permet d’avoir accès gratuitement à des données à haute valeur ajoutée facilitant ainsi leur utilisation par le plus grand nombre. Grâce à ces programmes, de nouvelles entreprises se spécialisent dans le traitement et l’analyse des données spatiales et orientent leurs activités vers le développement d'outils cartographiques dédiés à la prise de décision adapté aux besoins des utilisateurs finaux.

L’observation de la Terre par satellites se place ainsi comme un outil innovant, en pleine expansion avec un atout majeur, celui de contribuer à réduire les inégalités au regard de l’accès à l’information, un levier crucial pour faciliter l'adaptation des populations et des activités économiques aux défis socio-économiques, environnementaux et climatiques qui nous attendent.

 

À propos de l’auteur :

Jennifer Fernando est conseillère en stratégie environnementale basée sur l'utilisation des données de l'observation de la Terre par satellites. Elle accompagne les acteurs des territoires (établissements publics, collectivités, entreprises, ONG/associations/fondations, citoyens) qui souhaitent utiliser les données et images satellites dans le but de faciliter l'évaluation, la gestion et le suivi des ressources naturelles (eau, forêt, sol, air, écosystèmes, biodiversité) et des changements globaux (pollution, pénurie, dérèglement climatique). Elle accompagne également les acteurs de la communauté du spatial (start-ups, PME, ETI, agences spatiales) qui développent des missions spatiales et/ou exploitent les images et données satellites et qui souhaitent développer des applications au plus proche des besoins des utilisateurs finaux et les valoriser auprès d'eux.

Contact : jfernando.consulting@gmail.com

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